dimanche 11 avril 2010
Le dernier chapitre
lundi 22 février 2010
La brousse
Arrivée au plus grand village de la commune, les quelques rues habitées n'expliquent pas la présence des centaines de gens dans les rues. Dès lors, le chemin a été ardu. Après quelques trous de boue, nous sommes arrivés à notre destination.
Les p'tits plaisirs de la vie se font rares
vendredi 19 février 2010
À chacun notre piquet
Hier, je revenais d’une rencontre, installé avec mon père dans un taxi de la ville, un deux chevaux, une boite de métal tiré par un moteur de tondeuse. Soudain, des sirènes se font entendre. Le taxi se ranger pour laisser passer un contingent de polices et de voitures de luxe. C’est la parade du gouvernement en place lorsque des membres se déplacent.
Je ne lai ai pas vu, je ne sais pas si c’était le président, des membres hauts placés ou de leur familles qui en profitent. Ce qui est frappant c’est de voir deux gros VUS et deux Mercedes aux vitres teintées passer à une longueur de bras d’enfants se tenant sur le coté de la rue, nu pieds dans la poussière sale, habillés de ce qu’on ose appeler des vêtements.
La parade est passée et les marchants, exhibant à peine l’équivalent d’un panier de légume dans l’espoir d’en tirer 2 ou 3 dollars, restent passifs.
Le soir venu, le marchant rentre chez lui dans ce qui s’approche plus d’un abri que d’une maison. L’enfant se met au dodo sur un lit de paille infesté de puces et de poux. En même temps, les gens de la parade sont à quelque part dans un grand restaurant à manger au frais de l’état.
Depuis le coup d’état d’il y a un an, des forêts protégées ont été la cible de coupes illégales de bois de rose. Des conteneurs ont été saisis. Cependant, un gouvernement en mal d’argent et de corruption autorisait ces conteneurs à sortir du pays après une "amande" de 250 000$. Les principaux clients étant les chinois, on se doute bien que ça fait leur affaire. Par la suite, ce bois est vendu à de faux antiquaires qui ensuite vendent des meubles à des exportateurs. Dans les magasins de meubles chinois qu’on peut retrouver partout et même au Québec, on les vend à des prix fous.
L’antiquaire Montréalais fait bien du profit. L’exportateur aussi. Le menuisier chinois s’en fait un peu. L’exportateur de bois de rose s’en tire bien, à 250 000$ de "frais de légalisation", ça reste très rentable. Dans la forêt, celui qui coupe les arbres risque sa vie pour quelques dollars par jour. Un peu plus loin, deux groupes de lémuriens se battent pour ce qui reste de territoire. Les perdant errent et se font attraper par un braconnier qui va vendre peu de temps après les survivants du voyage dans les rues des villes, à des prix ridicules, à des gens qui les trouvent tellement mignons.
Les malgaches me disent eux même qu’ils sont artisans de leur propre malheur. Ils jalousent la réussite et ne sont presque jamais porteur d’initiative. Dans ma tête il est clair que ce n’est pas envoyer de l’argent qui est la solution pour aider le pays. Il est ridicule d’éduquer un enfant à coup de chèque. On continu à les inonder d’images d’une vie meilleure sans leur montrer la voix.
Au Québec, nous sommes maitre des initiatives citoyennes. Cause ou conséquence de notre qualité de vie ? Ce qui est certain c’est que ce n’est pas nous qui en avons le plus de besoin dans le monde. Il serait bien un jour d’exporter en masse ce savoir faire aux pays en développement au lieu d’y vendre des albums de star académie.
La clôture n’est pas près de disparaître lorsque tout le monde, chacun de son coté, y plante son piquet.lundi 25 janvier 2010
La maudite clôture
Je vous avoue que j’ai une p’tite crotte su’l’cœur. Si j’étais chez moi, je sais qu’il y en a plein à 70$ de l’heure qui sont prêt à m’écouter, diplômes à l’appuie. Les circonstances veulent que je sois ailleurs. Qu’à cela ne tienne, je vais utiliser mes net-psy à deux balles que vous êtes pour me vider l’âme.
À chaque jour que je vis ici, c’est marquant. Cette semaine seulement, je marchais dans la rue en sortant de chez moi et une petite malgache de 5 ans me devançait. Sa sœur, un peu plus loin, lui faisait signe en riant de se tourner. Je n’ai pas besoin de comprend la langue d’ici pour comprendre qu’elle lui disait : Tournes-toi, il y a un vazaha qui te suit !
Je suis un vazaha, un plein de cash, un idéal matrimonial pour maintes femmes d’ici, un salut budgétaire pour ce que les locaux en savent, un phénomène lorsque je suis plus qu’ordinaire dans la rue, l’équivalent de prêtres tibétains en pèlerinage à St-Jean-de-Matha en train de manger une poutine pis des roteux et à chanter Le ti porte clé. Je suis né du bon bord de la clôture.
Ce matin, j’ai donné le restant des fruits un peu trop pourri pour moi et un fond de beurre d’arachide à ma bonne, à peine suffisant pour un toast. Elle m’a dit que j’étais vraiment gentil, vraiment.
Des gens marchent dans la rue, nus pieds, dans l’huile, les traces de pisses et les ordures. Ici, il n’y a pas de trottoir et lorsqu’il y en a, les marchants les prennent d’assaut. Le mode de vie le plus répandu est celui d’une heure à la fois, même pas un jour. Près de chez moi, les pauvres s’improvisent marchant en étalant des trucs trouvés dans les poubelles dans l’espoir d’en tirer 500 Aryary, assez pour un repas modeste.
En plein milieu de l’écriture de ce texte, il m’a prit d’aller m’acheter de la bière. Je charge le panier de bouteilles vide et je pars en sandales. Arrivé à la première épicerie qui est l’équivalent d’un dépanneur miteux et minus de Verdun, il n’y en a pas : Tsia !
Le mec m’indique à la gestuelle la route vers là où il y en a. Jusque là, j’étais encore dans ma belle rue large et tranquille bordée de maisons d’ex-pats. Au bout de la rue, je m’engouffre dans une ruelle assez large pour un homme. Je descends l’escalier de pierres boueuses suite à la pluie incessante des derniers jours. Je réussi à reconnaitre ce qui est un chemin entre les maisons et les rigoles. En fait, il m’a fallu suivre une dame qui semblait savoir où elle allait.
J’arrive aussitôt dans un écartement où quelques enfants jouent avec le petit ballon qu’ils ont. Les malgaches me regardent persuadés que je suis perdu. Une autre petite épicerie s’y trouve mais encore là : Tsia !
Je continue. Je fais confiance à la vie et me dit que ça va déboucher quelque part. À Montréal, dans une ruelle comme ça, ça ferait longtemps que j’aurais abouti dans la cours d’un vieux garçon qui m’aurait pressé de m’en retourner.
Enfin, ça débouche sur une rue et je trouve ce que je veux tout juste en face. Je prends ce que je veux et en repartant, je dis merci en malagasy faisant rire le caissier : M’saotro ! (prononcé socho).
À peine me suis-je réintroduit dans la ruelle qu’un homme, désireux de se faire de la monnaie, veut transporter mon panier. Afin d’aller au bout de mon expérience insertion social, je refuse. Encore une fois, le long du chemin, les regards, à la fois moqueurs et étonnés, détonnent face à mon aise à marcher dans l’intimité tananarivienne. Fin de la parenthèse.
On peut s’amuser à comparer les gazons québécois et malgaches.
Nos trottoirs sont longs à être déneigés par les employés municipaux et tant qu’il n’y a pas de gravier, c’est tellement dangereux. Les trottoirs d’ici sont habituellement en boue et assez large pour une personne alors il arrive, comme à ma copine il y a quelques années, de devoir marcher dans la rue et de se faire happer, d’en sortir avec 3 plâtres et d’abandonner les démarches d’une réclamation tellement qu’il y a une lourdeur administrative brouillée par la corruption.
Nos gouvernements sont tellement poches et ils ne nous écoutent pas quand on chiale. Ici, il écoute un peu trop et tire dans l’tas quand ça ne fait pas son affaire.
Je suis né en Amérique du nord, un endroit plein d’espace et de confort. Pour beaucoup de malgaches, ce n’est qu’une image à travers une télé cathodique sur la chaine locale. C’est une contrée mystérieuse que celle où personne de la nouvelle génération n’a connu les bains dans le sceau d’eau froide à l’extérieur ni les trous en guise de toilette.
Notre couleur de peau nous rend mythiques et enviés bien malgré nous. À chaque fois, je pense à cette clôture, celle qui pour nous n’est que le fond de notre cours mais qui pour la plupart des autres, est le mur vers une vie meilleure.
Le Québec est le plus beau pays du monde et jamais on ne remercie assez la vie de nous avoir menés du bon coté de cette maudite clôture. Ce que je déteste le plus de cette clôture, c’est qu’elle s’installe souvent dans le cœur des gens.mercredi 6 janvier 2010
Mes fêtes 2009 à Antananarivo
Le 24 décembre, c'est un souper tranquille avec bouteille de vin. Par la suite, les enfants en nombre de trois nous ont rejoint. Nous étions en tout neuf dans le salon prêts pour le film sur la grosse télé : Bolt ! (J'adore le personnage de Rhino, il est trop AWESOME)
Avec mon père et moi, ça fait 1 sucre et 2 laits dans la couleur café.
Après le film, on donne les cadeaux. Pour recevoir le sien, chacun devait chanter ou danser. Pour ma part, j'y suis allé de mon légendaire mouvement de bassin en moulinette.
jeudi 3 décembre 2009
Saison des pluies et routine bien installée
Tranquillement mais sûrement je m'installe dans la maison. Mon père a été généreux en m'amenant ma super machine à expresso et depuis, mes matins vivent un renouveau énergisant ! Je tranche mon pain complet et me fait ma tartinade fétiche, beurre d’arachide et Nutella. Je cuis la nourriture de mon chien qui, maintenant, a apprit à attendre mon signal avant d’avaler son plat. Je m’installe sur mon ordinateur, thé à gauche, cellulaire à droite et air frais plein de visage.
Un jour sur deux, mes deux employés nettoient la maison. Le gardien s’occupe des planchers et la bonne fait la vaisselle et me prépare des légumes selon mes demandes. Ce qui est dépaysant, ce n’est pas tant que des gens travaillent pour moi, c’est que leurs salaires, pourtant décent pour ici, ne me coût pas plus cher que mon abonnement Vidéotron. Hier, la bonne m’a demandé si j’allais jeter le fond de mes bouteilles de savon et de shampoing. J’ai compris qu’elle les voulait et elle fut très heureuse que j’y acquiesce. Un fond de bouteille de shampoing ne créera jamais de sourire chez un canadien comme celui que ma bonne m’a laissé voir. Ici, le savon et le shampoing malgache sont loin du pantene proV.
Depuis 2 semaines, la saison des pluies s’installe. Le matin, c’est du plein soleil, un ciel bleu superbe et une température frisant les 35 degrés. En après-midi, les nuages se grisent très vite et la pluie peu parfois être torrentielle. Je m’installe quelques fois avec mon père sur le balcon et nous observons les cellules orageuses balayer la ville à travers les éclaircis tout aussi splendides.
En fin d’après midi, mon père et moi aimons bien s’ouvrir une bière. Ici, la bière locale s’appelle THB, une bière typiquement domestique. Dans son domaine, nous sommes loin de la diversité québécoise, ce qui attriste l’amateur de bière forte en moi. À mon prochain séjour au Québec, je me promets de me déboucher une St-Ambroise noire dès qu’il m’en est possible.
Le soir, je m’installe parfois devant un film sur la télévision locale. Ce sont habituellement des films piratés, on le devine par la qualité de l’image ou par les sous-titres danois. J’ai quand même pu voir les derniers Star Trek et Transformers.
La nuit, je me suis habitué à entendre les quelques chorales subites des chiens du quartier. J’ai aussi accepté la visite des pigeons sur mon toit de tôle qui créent un vacarme résonnant dans ma chambre.
Aujourd’hui, je vais avoir un scooter, ça promet …
Malagasyment vôtre !